Résumé

Le présent travail est consacré à l’étude du phytoplancton de la lagune Mellah avec un intérêt particulier pour les espèces potentiellement toxiques, en relation avec les conditions écologiques actuelles. Durant l’année 2016, un suivi chaque 15 jours dans 3 stations a été réalisé. Concernant la température, on relève deux grandes périodes thermiques distinctes caractérisant les eaux de la lagune. La première période avec des températures croissantes qui s’étale de janvier (12,37) à juillet (28,54°C) et une seconde période, où la tendance s’inverse durant le reste du cycle. De même, le suivi de la salinité fait apparaître deux phases halines, l’une est décroissante de septembre (35,68) à février (24,23) et l’autre est croissante correspondant au réchauffement des masses d’eau le reste de l’année. L’oxygène dissous enregistre des valeurs extrêmes en août (5,25 mg.L-1) et en janvier (8,74 mg.L-1), ces fluctuations sont surtout liées aux conditions climatiques et l’activité photosynthétique. Le pH des eaux est relativement constant et légèrement alcalin avec des valeurs qui oscillent entre 7,75 et 8,55. La transparence des eaux est fortement influencée par le brassage des eaux et leur charge en matières en suspension notamment en hiver, sans oublier le rôle des poussées phytoplanctoniques en début de l’été et en automne. La teneur en matière en suspension, varie en fonction des saisons, elle est importante pendant la période de crue et les fortes poussées planctoniques, avec des teneurs qui peuvent atteindre 38,50 mg.L-1. Les teneurs de l’azote inorganique dissous (NID) sont basses dans la lagune avec des concentrations qui oscillent entre 0,38 et 8,09 µmoles.L-1 seulement. De même, pour le phosphore réactif dissous (PRD), les teneurs sont souvent inférieures 0,54 µmole.L-1 durant tout le cycle. Le faible enrichissement en nutriments des eaux de la lagune, se traduit par une production primaire modérée et inférieure à la majorité des lagunes méditerranéennes. C’est ainsi que la biomasse chlorophyllienne varie entre 0,08 et 5,59 µg.L-1, soit une moyenne de 2,41 µg.L-1 seulement. Toutes ces caractéristiques chimiques et biochimiques classent Mellah parmi les lagunes méso-oligotrophes. Dans la lagune, la granulométrie s’organise d’une façon concentrique, suite à l’accumulation des particules fines dans la cuvette centrale. C’est ainsi que les berges sont formées de sables purs et au fur et à mesure qu’on se dirige vers le centre la fraction pélitique augmente. Cette étude nous a permis de mettre en évidence cinq zones sédimentaires allant des sables purs près des rives aux vases pures au centre, en passant par les sables légèrement envasés, les vases sableuses et les vases légèrement sableuses. La distribution des teneurs en matière organique et celles des eaux dans les sédiments sont positivement corrélées à celles des fractions fines avec des indices de corrélation respectifs de 0,93 et 0,97.
Au total, 227 espèces phytoplanctoniques (160 diatomées et 53 dinoflagellés) ont été inventoriées, avec une nette dominance des Diatomophyceae (62,97%) par rapport aux Dinophyceae (36,84%). Les diatomées ont dominé au printemps, alors que le groupe des dinoflagellés a dominé en été et au début de l'automne. En effet, les deux groupes montrent une tendance saisonnière marquée. La dynamique du phytoplancton du Mellah est sous l’influence de plusieurs facteurs environnementaux, mais surtout de la température et de la salinité. Pour la première fois, des espèces potentiellement toxiques ont été identifiées, dont 2 diatomées (Pseudo-nitzschia groupe delicatissima, Pseudo-nitzschia groupe seriata) et 5 dinoflagellés (Alexandrium minutum, Alexandrium tamarense/catenella, Dinophysis acuminata, Dinophysis sacculus, Prorocentrum lima). Ces espèces HABs pourraient menacer le fonctionnement écologique de la lagune, ainsi que la santé humaine ; ce qui nécessite la mise en place d'un réseau de surveillance.
Jusqu'à présent, aucune étude sur les dinokystes dans la lagune Mellah n’a été réalisée. Dans les 26 stations prospectées, nous avons pu recenser 48 morphotypes de kystes appartenant à 13 ordres, 18 familles et 30 genres. Parmi cette liste, il y a 42 dinokystes répartis en 7 ordres : Peridiniales (3 familles, 7 genres et 14 taxons), Gonyaulacales (3 familles, 7 genres et 15 taxons), Gymnodiniales (2 familles, 5 genres et 9 taxons), Suessuales, Prorocentrales, Thoracosphaerales, Tovelliales (1 famille, 1 genre et 1 taxon pour chaque ordre). Les ordres restants (Chattonellales, Coscinodiscales, Lithodesmiales, Triceratiales, Oligotrichida et Tintinada) ne renferment qu'un seul taxon pour chacun. La distribution des kystes dans les sédiments superficiels du Mellah est très hétérogène. Leur densité oscille entre 1 et 315 kystes.g-1 DS. Les assemblages des kystes recensés sont dominés par un nombre limité d’espèces : Alexandrium minutum (15,77%), Gonyaulax verior (9,75%), Alexandrium affine (7,02%), Scrippsiella trochoides (6,64%), Protoperidinium spp. (6,53%) et Alexandrium pseudogonyaulax (6,16%). Il existe une corrélation positive entre la densité des kystes et (1) la fraction fine des sédiments (r = 0,74), (2) la matière organique sédimentaire (r = 0,70), (3) la teneur en eau dans les sédiments (r = 0,71) et (4) la profondeur (r = 0,61). Enfin, l’accumulation de certaines espèces sous forme dormante dans les sédiments (foyers kystiques), peut être une récurrence de la prolifération des espèces toxiques; surtout que la lagune Mellah fait l'objet d'une double exploitation conchylicole et piscicole.

Mots clés : facteurs environnementaux, phytoplancton, dinokystes, HABs, diversité, dynamique, lagune Mellah.

Information

Item Type:	Thesis
Divisions:	» Laboratoire des Ecosystèmes Aquatiques et Terrestres
ePrint ID:	1983
Date Deposited:	2019-11-03
Further Information:	Google Scholar
URI:	https://www.univ-soukahras.dz/fr/publication/article/1983

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